Je profite de mon texte pour y insérer des cartes postales des Marquises où mon mari a passé un année (la Légion a aidé à construire la piste d'aviation)
(Communauté cartes postales du monde de Perfecta http://blog-et-broc.over-blog.fr/
Avant de connaître le confort de l’eau courante à domicile, chaque famille de mon village, devait faire ses provisions d’eau quotidiennes aux fontaines du village, ce qui donnait lieu parfois à des scènes mémorables.
Ces rencontres avec les voisins étaient l’occasion d’apprendre les dernières nouvelles qui allaient de la naissance d’un veau durant la nuit, aux oreillons du petit dernier de la famille, en passant par le mariage de la nièce du frère du cousin du continent
Mais le clou du spectacle c’était quand on rencontrait Tiaré, la tahitienne du village, la femme de Victor.
Tiaré venait de cette belle île de Tahiti: elle avait épousé un militaire de mon village et s'était adaptée plus ou moins,à la vie du village.Elle portait toujours une fleur au-dessus de l'oreille , été comme hiver et pour nous , c'était l'exotisme à l'état pur.
Les chemises de son mari étaient toujours assorties à ses robes fleuries.
Tiaré était une femme sympathique et pittoresque, qui partageait avec son mari … (comment dire ?) …une attirance pour le « houblon ». Sil' on en jugeait par la quantité de canettes qui venaient mourir dans la poubelle communale certains jours, ils devaient penser tous les deux que cette « descente » là, était aussi un sport olympique et qu’il y avait un record à battre. Aussi, par mimétisme peut être, ce brave Victor avait le même tour de taille que le tonneau qui figurait sur l’étiquette des bouteilles.
Dans ses bons jours, donc, Tiaré chantait des airs de son pays pendant que son bidon d’eau se remplissait, et, prise dans son élan, elle pouvait aussi esquisser quelques pas de danse. Après Radio Prato(prato c'est mon village) pour les nouvelles, on avait Tahiti TV en couleur et en direct ! Mais la scène ne s’arrêtait pas là car notre vahiné locale était « bâtie » comme une armoire normande, et du chant tahitien on passait ensuite au numéro d’haltérophilie. Lorsque son bidon était plein (50 litres, s’il vous plait), elle le chargeait sur son épaule avec une facilité qui rendait tout le monde admiratif, et elle prenait le chemin du retour en chantonnant, son bidon sur l’épaule.
Loqu'il neigeait, Tiaré mettait sa tenue de danseuse tahitienne et faisait un spectale à elle toute seule.Ensuite , comme elle s'était réchauffée avec un peu d'alcool, elle partait à la chasse à l'homme .Les malheureux qui croisaient sa route y passaient de gré ou de force, car elle avait une force herculéenne!!
Elle disait en riant que chanter et danser étaient le secret de sa forme, mais on n’a jamais su si son élixir bienfaiteur était le lait de coco de son atoll natal …… dont elle devait se languir la pauvre ...ou la bière d’Alsace.