Les "Anthologies Éphémères, " sont des livres qui rassemblent des auteurs et des illustrateurs dans le but d’offrir la réalisation de son rêve à un enfant ou un adolescent gravement malade.
Trois anthologies sont déjà parues depuis mai 2011. Le versement à l’association Rêves de tous les droits d’auteurs et bénéfices générés par ces publications, pour un total de 6300 €, a permis de réaliser quatre de ces rêves.
Quichottineavec, Azalaïs et Polly ont décidé de préparer une nouvelle anthologie qui s'intitulera le mariage.Les blogueurs (ses) se sont mis au travail pour participer à cette anthologie en écrivant un texte . Chacun est libre de participer même sans blog .
Voici donc ma participation.
Le jour du mariage est enfin arrivé : pas le mien , voyons il y a longtemps que c'est fait ; non, c'est celui de Clément et Marie, un mignon petit couple , comme vous le savez déjà sans doute . Les différents invités ne se sont pas privés de vous le dire et redire .
Si vous avez oublié le nom des mariés, allez donc consulter pour faire un test de mémoire.Alzheimer vous guette peut-être. C'est juste un conseil d'amie.
Moi, je suis Fanfan Linotte : on dit que j'ai des courants d'air dans la tête mais il ne faut pas écouter les mauvaises langues.
Je suis invitée, car , la mariée c'est ma copine . Oui , c'est moi ,la vraie copine. J'ai acheté , pour cette occasion mémorable, oui, mémorable, car le mariage a failli ne pas avoir lieu , une robe, une robe ... ! Je n'en ai jamais eu d'aussi belle, même le jour de mon propre mariage ! Je me demande si celle de la mariée est aussi belle ; c'est Tricotine ,la championne des machines à coudre qui l'a faite , c'est vous dire , si la comparaison est importante .
Bon , j'ai des chaussures différentes ; ce n'est pas de ma faute : c'est le chat qui a joué , avec, et, comme j'étais un peu « à la bourre », je n'ai pas regardé . Je me retrouve avec une chaussure noire et une chaussure rose. Tant pis, les invités croiront que c'est une nouvelle mode qui vient de Corse .
Il y a une ancienne copine du marié , qui a essayé de faire chanter celui-ci en le menaçant de révéler leur ancienne aventure à Marie . J'ai tout entendu. J'étais cachée derrière le paravent, la tête dans mon sac, comme d'habitude , pour essayer de trouver la chanson que je vais chanter au repas de noces.Et le marié était là avec son ex , la suppliant d'avoir pitié de lui. Je n’étais pas la seule à espionner à l’insu de mon plein gré ; il y avait le cousin jaloux , amoureux de la mariée ! Ah ! Il aurait bien voulu remplacer le marié , celui-là !
Hélas, j'ai éternué ,pire que le souffle d'un cyclone et le paravent leur est tombé sur la tête . Cela a refroidi l'ardeur de l'ex qui est restée aplatie comme une crêpe , et Clément est parti aussi vite qu'une fusée chinoise, d'autant plus que le chien de la mariée est arrivé en aboyant comme un dératé.
Laissant le cousin jaloux se dépatouiller avec l’ex, j'ai filé sans demander mon reste , le chien aux trousses et je suis tombée sur l’oncle Gaston, qui observait avec ses petits yeux malins, tout ce beau monde , appuyé sur sa canne. Ce n'est pas de ma faute si j'ai fait un croche-pied à la canne et si le cousin Gaston s'est retrouvé sous moi ! C'est à cause du chien de la mariée .Marie aurait pu le laisser à la niche !
Qu'est- ce qu'il a rouspété (le tonton, pas le chien ) ! Il m'a traitée " d'écervelée, de malapprise , de latérograde "( c'est quoi ça ?) . Vraiment , ce n'est pas de chance : moi qui voulais me le mettre dans la poche , ce vieux croûton, car , entre vous et moi, il paraît qu'il est plein aux as et comme il est presque centenaire ..J'étais prête à le supporter contre la promesse d'un héritage ... Ben oui, quoi , je suis libre maintenant … ! Je crois que c’est mal parti !
Pour me consoler , j'ai décidé l'aller voir du côté des choses qui sentent bon :.Je sentais une odeur de sucre.Je voyais voler des bulles roses .. Je me croyais déjà au paradis … !
C'était Barbe-à -Zaza qui s'exprimait avec beaucoup d'énergie . Je me suis approchée en essayant de ne pas salir ma merveilleuse robe .D'ailleurs, la photographe de service était là pour immortaliser la scène. Je ne sais pas si c'est cela qui a troublé Barba-à Zaza : elle a commencé à envoyer des bulles roses sur tout le monde , des filaments volaient partout et tout à coup, je me suis retrouvée dans un tourbillon rose , complètement enveloppée de sucre . Je crois bien que je ressemblais à une sucette géante ! Impossible de bouger ,même pas mon sac à mains (sinon Barbe-à Zaza en aurait reçu un bon coup sur la tête )!
D'ailleurs , elle a dû m'entendre jurer en corse , tous les jurons que le centenaire du village m'avait appris dans mon enfance. Les jeunes ne savent plus jurer en corse : ils ne connaissent que des jurons modernes . Tout se perd, mes enfants ! Barbe-à-Zaza faisait une drôle de bobine.
Dans l'affolement général et les fous-rires (oui, oui, je vous ai bien entendus ) les pompiers sont arrivés.Ils m'ont incendiée d'eau , tellement fort - pourtant je ne manifestais pas - que je me suis retrouvée à dix mètres de là , collée à la pièce montée avecl'effigie des mariés sur le nez.
Vous auriez vu la tête de Clément et Marie !
« -Per dingulina », me suis-je dit, là je suis mal. Ils vont encore dire que je mérite bien mon nom ! Mais , je ne suis pas responsable de tout cela, moi, n’est- ce pas ? «
Maintenant je ne ressemble plus à une sucette géante mais à une glace rose au caramel qu'on aurait oubliée au soleil d'Afrique .
Des traînées d'eau rose , coulaient sur ma jolie robe , ma coiffure était pleine de bulles solidifiées .
Et j'ai crié, crié Aline, mais non pas Aline, j’ai crié à perdre haleine , j'ai tempêté ,j'ai pleuré : et tout le monde riait .Le photographe Alrisha mitraillait le spectacle en catimini.Le chien, encore lui , devenu rose aussi, tirait sur ce qu'il restait de ma robe, pour lécher le sucre rose qui dégoulinait lamentablement, avant d'aller s'attaquer aux mollets de Barbe-à- Zaza . Je le soupçonne de n'avoir pas aimé le goût de ma robe sucrée .Je me suis consolée en pensant que j'avais , maintenant une chaussure assortie à ma robe .
Ce qui m'a consolée aussi, c'est que le cousin Gaston, pas rancunier, a pris ma défense et a menacé Barbe –à-Zaza des pires calamités.
Et celle-ci, au lieu de s'excuser, a plié bagage, a repris sa machine infernale , et a filé à l'anglaise ,peut-être en Suisse .. avec l'inspecteur Brod aux trousses ,car ses explications ne l'avaient pas convaincu.
Je suis donc allée me changer, pour mettre ma tenue traditionnelle et me préparer à chanter et danser pour les mariés ,avant que le poète chanteur , ne, me vole la vedette ou que le chef de choeur n’attaque en solo son morceau classique .
Zut, où ai-je mis les paroles de ma chanson : "Ogni standa à stu mondu" ? Zut , Zut ? Ce n'est pas le chien qui les aurait mangées ? Je vais improviser tant pis :ils sont tellement mignons Marie et Clément ;ils me pardonneront. Mais non, j’ai oublié ; c’est « sott’a u tigliolu « la chanson . Oh ! lala ! Je ne sais plus où j’en suis !
« Au dépourvu te voilà pris
Par l'orage, en quelques secondes
Il faut vivre, tu l'as compris
Vivre chaque instant en ce monde »Tralala…