Mon problème avec OB n'est toujours pas réglé :j'ai laissé des messages ;Pas de réponse . Alors, je mets mon blog en veilleuse en attendant que cela s'arrange .
Pour vous éviter d'être venu pour rien, je vous mets une "nouvelle "écrite par ma fille .
L’ODEUR DES CISTES
Elle est adossée à sa voiture et regarde les gens s’agiter. De temps en temps, elle est obligée de se pousser pour laisser passer un retardataire ou une famille énervée, à la recherche de son véhicule, le père marchant devant, une glacière à la main, pestant contre sa femme qui n’a pas retenu l’étage et la couleur du parking , du bateau ; un ou deux enfants suivent, essayant de ne pas trop se faire remarquer pour ne pas s’attirer les foudres de leurs parents ; la mère ferme la marche, le petit dernier dans les bras, un sac sur le dos, répondant au père que la seule chose qu’il avait à faire était de se rappeler l’endroit du stationnement du véhicule, que décidément elle ne comprend pas comment elle a pu épouser un incapable pareil.
Elle sourit. Ses enfants à elle sont déjà là-bas depuis une quinzaine de jours et son mari les rejoindra d’ici la fin du mois. Elle est heureuse et impatiente aussi.
Les portes du bateau s’ouvrent enfin dans un grand bruit de chaînes grinçantes et de cris de marins. L’air frais s’engouffre dans le garage mais ne parvient pas à supplanter la chaleur étouffante qui règne ici.
Les premiers véhicules s’ébranlent. C’est le moment qu’elle attendait pour s’asseoir au volant de sa voiture, et enfin, c’est à elle de sortir. Le flot de véhicules quitte le port et se dirige à la queue leu leu vers la sortie de la ville.
Dans le lecteur CD, le disque est prêt, plage sept. Elle ne l’enclenchera que plus tard. C’est un rituel ; même disque, même chanson, même endroit. Le panneau d’Ile Rousse passé, elle descend les vitres de la voiture et appuie sur le bouton play. Le Dio Vi Salvi Regina emplit l’habitacle en même temps que les odeurs du maquis.
Elle roule lentement pour savourer pleinement ces odeurs entêtantes, se repaissant du parfum des cistes qui règnent ici en maîtres.
Elle monte le son du lecteur CD et le chant religieux s’évade maintenant par les fenêtres ouvertes. Elle se moque des klaxons rageurs des véhicules qui la dépassent….Elle est sur son île, elle est enfin en vacances et elle compte bien en profiter à sa façon.
Elle sait que dans quelques instants, après avoir longé cette route de bord de mer, elle va arriver à Lozari. Encore 35 kms la séparent de chez elle.
Elle remet le CD sur la plage une et chante à tue-tête en même temps que
" I Muvrini". Elle écorche les mots avec plaisir et ne peut s’empêcher de quitter la route des yeux pour regarder la mer sur sa gauche. Elle repère enfin le panneau :"Plage de Lozari" et s’engage sur la route en terre. Elle se gare près du cabanon du vendeur de glaces. Il n’y a personne. Elle sort de sa voiture et se déshabille. Ses pieds foulent le sable frais et quand ses orteils touchent enfin l’eau, elle ne peut s’empêcher de frissonner.
Elle entre doucement dans l’eau, savourant cet instant magique, le plaisir du premier bain de l’année. Elle nage quelques instants puis fait la planche, bras et jambes écartés, yeux grands ouverts…Elle essaie de repérer les galaxies, de reconnaître les planètes comme son mari, féru d’astronomie, le lui a appris. Puis elle ferme les yeux.
Quand elle les rouvre, elle ne sait plus combien de temps a bien pu s’écouler mais elle est presque échouée sur le rivage. Elle sort de l’eau, se rhabille et repart.
Elle va rouler un peu plus vite maintenant, elle est pressée d’arriver au village. Les paysages et les villages défilent rapidement ; Route de Saint Florent, et déjà Ponte -Leccia, la Taverne, Francardo…Rien n’a changé. Elle connaît cette route par coeur. Encore cinq kilomètres.
Là, elle va être plus prudente, la route est étroite et c’est l’heure où les jeunes du village vont en boîte à Corté ou à Vénaco. Elle est du mauvais côté de la route et n’a pas envie de se rabattre au dernier moment au risque de tomber dans le ravin.
Toute à ses pensées, elle n’a pas vu la vache qui mâchonne placidement une poignée d’herbe sèche, campée au milieu de la route, et qui l’oblige à freiner brusquement. Cette dernière consent après un bref instant à poursuivre pesamment son chemin.
Encore un virage et le village apparaît. Elle s’arrête sur le bas côté et éteint le moteur. Elle compte les lumières encore allumées……"-Tiens, il y a du monde chez Marphise, je croyais qu’elle ne venait pas cette année…..Chez Mantchèque, pas de lumière, la vieille sorcière est morte en mars…..De même qu’André…..Ils vont me manquer."
Chez ses parents, c’est allumé.
Elle imagine son père assis dans son fauteuil, regardant la télé, qui va se lever lourdement (il était déjà malade quand ma fille a écrit cela) ,à son arrivée et la serrer dans ses bras en pleurant.
Elle imagine sa mère qui doit s’affairer dans la cuisine en regardant sa montre de temps en temps, trouvant qu’elle est bien longue à arriver et qui lui a sûrement préparé ses boulettes de viande favorites. Elle l’obligera à en goûter une avant d’aller se coucher, c’est certain.
Elle sait que malgré l’heure tardive les enfants ne seront pas couchés mais qu’ils jouent autour de la maison, l’attendant avec impatience. Peut-être sont-ils déjà sur la Place de la Fontaine à guetter sa voiture…
Elle imagine le lit préparé par sa mère et le plaisir qu’elle aura tout à l’heure à se glisser dans les draps dépareillés, dans ce grand lit au matelas de laine qui a vu naître sa grand-mère.
Elle n’a pas entendu arriver la camionnette, et quand le choc a lieu, il est trop tard pour qu’elle réagisse. Sa voiture glisse vers le ravin et sa tête heurte violemment le volant. Après deux tonneaux, le véhicule s’immobilise.
Elle sent l’odeur des cistes autour d’elle, elle entend sur le CD la chanson de la plage sept se déclencher…..
Elle sourit et elle ferme les yeux.
PS: Depuis que ma fille a écrit cela, je ne fais plus de boulettes de viande, le jour de leur arrivée!